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HcoM, le Blog...

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Blog de communication à l'attention de ceux - professionnels ou non et étudiants - qui sont intéressés par la Communication au sens large


Le patient hyperconnecté n’est plus un phénomène marginal, il faut en tenir compte !

Publié par Olivier Moch sur 31 Mai 2019, 07:30am

Catégories : #Communication Hospitalière

Que ce soit pour s’informer, pour se soigner à distance, communiquer avec les acteurs de la santé, prendre en main sa propre santé ou mieux vivre avec la maladie, le patient hyperconnecté est une réalité de plus en plus prégnante.

Lors de la Paris Healthcare Week, alors que je déambulais dans les allées du salon organisé par la FHF, une phrase perdue dans la foule a capté mon attention : ‘’Le patient connecté, cela reste une exception !’’. Quelle erreur ! Certes, ils ne sont pas encore la majorité, mais les patients connectés représentent désormais bien plus qu’une exception… Prise de rendez-vous par applis, dossier médical partagé, applis santé qui permettent au patient de s’informer voir de s’auto-soigner (ce qui n’est évidemment pas à conseiller), … nombreuses sont les opportunités connectées qui s’offrent au patient. Et il ne se prive pas de les utiliser ! C’est une façon pour eux d’avoir la capacité de participer et d'agir sur les décisions liées au suivi et à la gestion de leur maladie.

Dans un monde ultra-connecté, il ne peut être que logique que le patient le soit également !

Il est révolu le temps ou le patient arrivait ‘’soumis’’ face au praticien. Désormais, avant de consulter un médecin, il consulte internet pour se forger sa propre opinion voire pour pouvoir discuter avec le médecin. Avec les dérives que cela peut engendrer car, en effet, le net peut être une véritable machine à anxiété avec les millions d’hypothèses que l’on y trouve et qui génèrent un processus pervers de développement de l’hypocondrie. Mais la réalité est là, la facilité d’accès à l’information en ligne a bouleversé l’approche de la santé.

Avant d’être patient, il est surtout un individu qui vit dans son époque, un acteur de l’écosystème digital, un e-consommateur… Nous consommons de plus en plus en ligne, par les applications mobiles. La e-consommation est en plein essor (chiffres) dans la plupart des domaines, y compris celui de la santé. Désormais, il est possible de surveiller son diabète avec une application, de contrôler l’hypertension artérielle ou de gérer la prise de médicaments avec une application. Avec un outil comme Hellocare, par exemple, il est possible de contacter un médecin de 7h00 à 22h00, 7 jours sur 7 et ce n’importe où dans le monde. On nous annonce pour très prochainement des applications dédiées à la lutte contre les addictions (tabac, cannabis, alcool…). Et ses applications mobiles rencontrent un énorme succès auprès de la population. Ce n’est que logique puisque nous utilisons, en moyenne, 30 applications sur nos smartphones et 87%[1] du temps que l’on passe sur notre téléphone intelligent sont consacrés à l’utilisation des applications…

Désormais, on consomme la santé comme n’importe quel autre bien ou service. En comparant, en se renseignant, en s’informant. Et cela implique nécessairement une évolution de la relation soignant/soigné. Un dialogue s’instaure entre le médecin et le patient (sur)informé. La relation est désormais plus transversale qu’elle ne l’était il y a encore quelques années. On assiste à une réelle prise en main de sa santé par le patient, une forme d’empowerment lié aux évolutions technologiques qui incitent davantage le patient à s’impliquer dans la gestion et le suivi de sa santé. C’est, en tous cas, ce que démontre clairement une récente étude[2] menée par l'Institut Mines-Télécom Business School (IMT) avec le collectif Impatients, Chroniques et Associés (ICA) selon laquelle plus le patient est connecté, plus il se sent en capacité d'agir pour sa santé.

Médecine 3.0… les objets de santé connectés

Nous sommes donc déjà bien ancrés dans l’univers connecté de la médecine 2.0, celle dans laquelle le savoir médical est partagé, via le web, entre les professionnels de la santé et les futures ou potentiels patients. Mais nous avons également le pied bien ancré dans la médecine 3.0, celle des objets de santé connectés. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle pratique de la médecine et si c’est l’aube, c’est que le jour est déjà levé… Il existe de nombreux objets de santé connectés déjà utilisé tels que

  • le pilulier connecté qui permet de gérer la prise médicamenteuse à distance ;
  • des chaussures de marche développé avec l’aide de chirurgiens orthopédiques, de neurologues et de bioingénieurs qui permettent aux personnes âgées de retrouver leur équilibre et d’éviter les chutes ;
  • des textiles connectés permettant le monitoring continu de patients hospitalisés ;
  • Meyko, le compagnon connecté (inventé par une start-up nantaise, c’est à souligner) qui prend la forme d’un animal tout doux et qui accompagne les enfants asthmatiques pour améliorer l’adhésion au traitement de fond…

Il convient aussi d’évoquer les très nombreux capteurs connectés qui permettent de monitorer les comportements journaliers comme le sommeil, les déplacements, l’alimentation, … afin d’assurer un suivi médical à distance. Le grand public est de plus en plus séduit par ces objets connectés qui lui permettent d’être un acteur à part entière de sa santé.

En Belgique, Un projet pilote de télésurveillance de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) s’est déroulé en 2017 sous l’impulsion. Le dispositif reposait sur une tablette, des objets connectés, des patients et une équipe hospitalière (médecins et infirmiers). Ce projet de télésurveillance avait pour objectif de diminuer l’anxiété liée à la maladie respiratoire, de prévenir le risque d’une nouvelle hospitalisation et de contribuer à améliorer la qualité de vie des patients suivis.

Lutter contre les déserts médicaux et ouvrir le dialogue

Dire que la médecine connectée est la médecine de demain est une erreur… c’est la médecine d’aujourd’hui ! La mise en place, en septembre 2018, de la téléconsultation en France, et de son remboursement par l’assurance maladie est un autre pas en ce sens. Un pas qui peut également permettre de lutter contre la désertification médicale. En mars dernier, des chiffres publiés par LIVI[3], un opérateur européen en santé digitale, montrait que sur les six premiers mois de la mise en place du remboursement des téléconsultations, 16.000 consultations à distance avaient été pratiquées en France… dont 61% provenaient de zones de désertification médicales.

Aujourd'hui, Internet est utilisé par une majorité de malades chroniques comme source d’information par rapport à leur maladie. Ils y cherchent surtout trois types de contenus : des témoignages ou expériences d’autres malades chroniques ; de avis de professionnels de la santé et des contenus créés par des associations de patients. L’étude de l'Institut Mines-Télécom Business School (IMT) avec le collectif ICA, déjà évoquée dans ces quelques lignes, montre enfin que les patients qui utilisent le plus régulièrement les technologies sont plus enclins à demander des explications à leur médecin et de partager leurs opinions personnelles concernant leurs traitements avec lui. Le dialogue entre le médecin et son patient est essentiel, il peut être amélioré avec un patient mieux informé…

Pour toutes ses raisons, et probablement bien d’autres, dire que le patient (hyper)connecté n’est qu’une exception est une hérésie absolue !

 

[1] Utilisation des applications mobiles, quels usages en 2017 ? on www.nartex.fr, consulté le 28 mai 2019

[2] Plus le patient est connecté, plus il s’implique dans sa maladie on www.usine-digitale.fe, consulté le 28 mai 2019

[3] France : la téléconsultation fleurit dans le désert, on www.numerikare.fr, consulté le 28 mai 2019

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