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HcoM, le Blog...

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Blog de communication à l'attention de ceux - professionnels ou non et étudiants - qui sont intéressés par la Communication au sens large


Réussir une bonne interview journalistique

Publié par Olivier Moch sur 10 Mars 2014, 10:36am

Catégories : #Espace Etudiants

L'interview journalistique se prépare, elle requiert quelques bases essentielles...

interview.jpgL'interview est un processus journalistique qui sert à interroger une personne de référence afin d'obtenir de sa part de l'information sur un sujet déterminé. Il s'agit donc d'un jeu de questions/réponses la plupart du temps enregistré soit pour être diffusé tel quel soit pour être retravaillé avant diffusion ou encore afin de faciliter le travail d'un journaliste de presse écrite. L'interview est un exercice différent du reportage, peut-être moins vivant mais avec un côté très humain puisqu'elle met en relation deux personnes dans un espace limité tant techniquement (cadre de la caméra) que physiquement (souvent dans une pièce à l'écart des bruits ambiants). Bien mener une interview se prépare, en effet pour obtenir des résultats satisfaisants, il s'agit non seulement de mettre l'interviewé à l'aise mais aussi de poser des questions pertinentes. Un intervenant mal à l'aise, agressé ou qui ne comprend pas les questions se fermera et le résultat de l'interview sera forcément mauvais. Pour qu'une interview soit rondement menée, deux paramètres majeurs entrent en ligne de compte : l'intervieweur et la pertinence de ses questions. L'intervieweur doit trouver l'équilibre entre sa neutralité journalistique et son libre-arbitre tout en créant un climat de confiance autour de l'interviewé; ses questions doivent être préparées à l'avance, reposer sur une recherche préalable, être opportunes et claires. Voici quelques pistes qui doivent permettre de bien mener une interview journalistique.

1° L'interview commence dès la prise de contact : toute interview commence par une demande d'interview ! C'est évident mais il est parfois bon de se souvenir des bases... La demande peut être faite à l'avance, parfois plusieurs jours, ou bien dans l'instant, à l'issue d'une conférence de presse ou lors d'un événement imprévu par exemples. Quoi qu'il en soit, la demande doit être précise, il convient d'évoquer clairement les thèmes qui seront abordés et de définir le cadre de la diffusion de l'interview. Certains interviewés souhaitent obtenir les questions à l'avance, je ne suis pas partisan de cette méthode car elle biaise le résultat de l'interview qui sera moins spontanée. La meilleure façon de prendre contact pour une demande d'interview reste, me semble-t-il, la voie orale, par téléphone ou à l'occasion d'une rencontre directe. La voie du mail n'est pas à proscrire formellement mais elle contient le risque réel de ne pas obtenir de réponse. C'est lors de la demande d'interview qu'est fixé le moment de l'interview selon l'agenda de la personne qui sera interviewée... Si c'est dans le cadre d'une conférence de presse alors, par essence, le moment suivra la fin de la conférence !

2° Préparer les questions avec minutie : poser des questions sur un thème précis ne s'improvise pas, cela sous-entend que l'on maitrise le thème en question. Cette maitrise peut reposer sur une longue pratique de la matière ou sur une préparation optimale du terrain. Grâce au net, l'intervieweur dispose d'une base de données infinie sur le sujet de son interview voire sur son intervenant. Il s'agit donc de définir avec précision l'angle d'attaque de la matière et d'en cerner les contours afin de rester dans le sujet. Les questions doivent être pertinentes, appeler des réponses opportunes et permettre de développer le sujet de l'interview. Il faut bannir les questions fermées qui appellent des réponses tout aussi fermées (ex. Vous avez gagné, vous êtes content ? qui appellera la réponse Oui !) mais aussi les questions banales et sans intérêt (ex. Quelle est la question qu'on ne vous a jamais posée ? Vous aimez les perroquets ?) Noter qu'il s'agit également de ne pas noyer l'interviewé de questions. En fonction du temps imparti pour l'interview, mais aussi du temps disponible pour la diffusion de cette interview, cinq ou six questions sont un maximum. Il existe des cas précis d'interviewes longues (ex. l'interview présidentielle menée par plusieurs journalistes politiques et diffusée en direct) mais cela reste des cas d'exception. En fait, il s'agit de créer une question-list précise et opportune, véritable plan d'action de l'interview, avec autant que faire se peut des questions originales voire inédites. Pertinence, ouverture, originalité sont les maîtres-mots de l'interview !

3° Créer un climat de confiance : si l'intervieweur est mal à l'aise, s'il ne maîtrise pas son sujet, s'il est opposé par avance aux idées de son intervenant alors celui-ci sera aussi mal à l'aise. Le ton doit être à la conversation, à l'échange cordial entre deux personnes qui évoquent un sujet. Ces personnes peuvent ne pas être d'accord sur tous les aspects mais leurs opinions personnelles ne doivent pas prendre le dessus. L'interview doit rester factuelle pas devenir partisane ! Pour instaurer ce climat de confiance, il s'agit de la part de l'intervieweur d'être détendu, de laisser son égo au vestiaire (ndlr certains journalistes oublient que le thème de l'interview ce n'est pas eux mais bien les propos de leur interlocuteur), de poser des questions claires qui appellent des réponses tout aussi claires et, pourquoi pas, d'ajouter une pointe d'humour au long de la conversation. Une manière intéressante de mettre en place le climat de confiance est de débuter l'interview par une question large ou générale qui permet à l'interviewé de se positionner dans un sujet qu'il maitrise (ex. Quelles ont été vos motivations pour faire ce film ? Quel est le contexte qui vous a poussé à déposer ce projet de loi ?). Une question large et non-piégeuse ouvre le dialogue et installe le climat de confiance utile. Créer ce climat de confiance est fondamental mais il s'agit toutefois de ne jamais oublier que le contexte est professionnel et pas amical... Attention donc de ne pas aller trop loin dans la confiance !

4° Mener l'interview de façon professionnelle : le travail de l'intervieweur est de mener l'interview, il doit donc rester le maitre du jeu, le guide de la conversation. Il s'agit de respecter le plan d'action prévu et d'obtenir les réponses aux questions posées. Le cas échéant, il faut pouvoir improviser pour rester dans le cadre du plan. Cela semble paradoxal mais c'est parfois le cas, si l'interviewé ne répond pas à la question parce qu'il ne l'a pas bien comprise, parce qu'il ne veut pas y répondre, il s'agit alors de reformuler rapidement la question de manière différente. Parfois, pour obtenir une réponse, il s'agit aussi de laisser un peu de temps, les silences - à condition qu'ils ne soient pas interminables - ont leur place dans l'interview. Cela permet aussi à l'interviewé de réfléchir à sa réponse, à la manière dont il va répondre. Mais si l'interview s'écarte du chemin prévu, c'est à l'intervieweur de ramener la conversation dans le plan d'action. Il s'agit aussi de respecter le temps de parole de l'interviewé, de ne pas le couper sans cesse ou de poser plusieurs questions d'affilée.

5° Attention au non-verbal : si l'interview est un échange verbal, il convient cependant de faire attention au non-verbal. Ne pas s'y retrouver dans ses notes, regarder sa montre, exprimer son avis par des mimiques ou des grimaces, soupirer, taper du pied... sont autant de signes qui trahiront le sentiment de l'intervieweur et qui mettront son intervenant dans une situation désagréable qui risque de biaiser l'interview. L'expression corporelle, le ton utilisé, les postures et les comportements sont des paramètres qui jouent un rôle essentiel dans la réussite de l'interview, ils doivent être maitrisés par l'intervieweur. Maitrisés ne signifie pas forcément prescrits, parfois le non-verbal peut aider l'intervieweur à obtenir des réponses ou à instaurer le fameux climat de confiance utile.

Ces quelques pistes sont fondamentales pour la réalisation d'une interview de qualité. D'autres paramètres peuvent entrer en ligne de compte, notamment pour une interview filmée, comme le choix du décor, le choix du cadrage, le choix d'un micro fiable, le rythme du débit de parole, etc. Quoi qu'il en soit, l'intervieweur doit se rappeler qu'il n'est jamais au service de l'interviewé mais bien au service du public vers lequel il diffusera l'interview.

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D
Merci pour ces basiques, en effet n'est pas journaliste qui veut, ca s'apprend, surtout lors d'une interview, il faut se montrer pro et ne pas venir les mains dans les poches, c'est évident que ca<br /> se prépare. Vous devez préparer vos questions et surtout les réflchir en fonction de la personne interrogée, une interview doit etre adaptée et pas passe partout ;-)
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