Deepseek… la Chine va-t-elle casser le marché de l’IA ?

Publié par Olivier Moch sur 7 Février 2025, 14:53pm

Catégories : #Digital, #intelligence Artificielle, #IA

La Chine va-t-elle révolutionner le marché mondial de l’Intelligence Artificielle avec Deepseek, un modèle d’IA générative à très bas coût ?

Et si demain, accéder à une intelligence artificielle de pointe ne coûtait presque rien ? C’est le pari audacieux de DeepSeek, une IA chinoise low cost qui promet de bouleverser le marché. Deepseek AI c’est donc une entreprise chinoise, créée en 2023 et basée à Hangzou, dans la partie est du pays, qui a créé un modèle d’IA conversationnelle et générative – comme Chat GPT donc – qui repose sur un très vaste modèle de langage. Deepseek va même un peu plus loin car il ne se contente pas de livrer une réponse brute, il explique son raisonnement pour arriver à la réponse. Cette fonctionnalité pourrait bien séduire de nombreux utilisateurs, y compris parmi les plus sceptiques et réfractaires à l’IA. La première version de Deepseek a été lancée le 29 novembre 2023, soit un an après Chat GPT. Le 25 janvier dernier, la dernière version de Deepseek est arrivée sur le marché. Pour le moment, le modèle n’est qu’en anglais et en chinois mais cela devrait rapidement évoluer. Rapidement, le Président des Etats-Unis, Donald Trump, a lancé un avertissement à l’industrie américaine de l’IA, la mettant en garde contre la concurrence sévère de Deepseek. Il faut savoir que depuis son lancement, le 25 janvier, Deepseek est l’application la plus chargée aux Etats-Unis. C’est déjà un signe ! Mais, saviez-vous que pour développer le modèle de Chat GPT, il a fallu plusieurs centaines de millions de dollars, pareil pour Gemini de Google… Le développement de DeepSeek a couté à peine 5,6 millions de dollars. Une goutte d’eau dans l’océan de la technologie de l’IA.

Comment Deepseek a-t-il pu créer un modèle si bon marché ?

Tout repose sur la guerre commerciale entre les USA et la Chine sur le marché de la technologie. Les Etats-Unis ont tout fait pour barrer la route à la Chine dans le développement de l’IA, à commencer par lui interdire l’accès aux processeurs américains NVIDIA, Intel ou AMD, essentiels dans le développement de modèle d’IA générative. Alors qu’à fait la Chine ? Ben… ce qu’elle fait le mieux : copier à moindre coût ! Les développeurs chinois ont donc réussi en quelques mois à développer un modèle d’IA générative et conversationnel aussi performant que Chat GPT ou Gemini mais qui coute 30 à 40 fois moins cher à développer… cela aura donc forcément un impact sur le coût pour l’utilisateur. C’est un véritable tournant, car l’accessibilité économique pourrait bouleverser le marché de l’IA, qui reste aujourd’hui relativement cher - nous parlons bien des versions payantes, évidemment plus performantes - pour les utilisateurs et les entreprises. DeepSeek entend réduire ces coûts de manière significative, les diviser par trois…. Voire se proposer en open source.

Un effondrement des valeurs techn' américaines

Si Deepseek parvient à séduire les entreprises et les consommateurs européens, cela pourrait démocratiser l’accès à l’IA. De petites entreprises, des start-ups, ou même des secteurs comme l’éducation ou la santé, qui avaient du mal à investir dans ce type de technologies, pourraient en profiter. Ensuite, une IA abordable pourrait aussi stimuler l’innovation, car davantage d’utilisateurs auraient accès à ces outils pour développer leurs projets. Et enfin, cette initiative pourrait forcer les acteurs actuels – comme OpenAI, Google ou Microsoft – à revoir leurs prix à la baisse, ce qui serait bénéfique pour tout le monde.

Mais une autre conséquence importante de l’IA low cost, directe celle-ci, est l’effondrement des marchés boursiers lié à la technologie. Le 27 janvier, au lendemain du lancement de Deepseek, les valeurs des actions technologiques se sont effondrées. NVIDIA a perdu en une journée l’équivalent de 589 milliards de dollars de capitalisation boursière. C’est la perte la plus importante de l’histoire. En privant la Chine de l’accès aux technologies américaines, les Etats-Unis ont juste réussi à torpiller leurs propres fleurons technologiques en leur faisant perdre près de 1000 milliards de dollars en une journée…

Les Américains n'ont plus le monopole de l'IA !

Depuis plusieurs mois, les Américains nous font croire que la course à l’IA ne peut se gagner qu’à coup de milliards, qu’il faut toujours plus de serveurs, toujours plus d’électricité pour alimenter ces serveurs… Deepseek vient de prouver que l’on peut atteindre le même résultat avec un modèle financier nettement moins gourmand ! Alors, je ne sais pas si c’est une révolution, ce le sera si le public et les entreprises délaissent Chat GPT, Gemini et les autres acteurs américains pour Deepseek. Mais, en tous cas, c’est un changement de paradigme majeur dans la guerre technologique : la course à l’IA est loin d’être gagnée par les Etats-Unis !

Et l'Europe, dans tout ça ? Comme d’habitude, elle est plutôt spectatrice pour le moment ! La Chine démontre que les Etats-Unis n’ont plus le monopole de l’IA. L’Europe ferait bien de s’en inspirer. Si la Chine peut développer un modèle efficace et bon marché, pourquoi l’Europe ne le ferait-elle pas ? Mais pour l’instant, l’UE est bien plus occupée à placer un cadre juridique autour des IA américaines et chinoises qu’à penser à les concurrencer par un modèle 100% européen. A l’heure ou Trump veut imposer de lourdes taxations aux produits européens, il est essentiel que l’Europe réfléchisse à une vraie réponse économique… un modèle d’IA générative 100% européen vers lequel les entreprises européennes pourraient migrer pour ne plus dépendre de la technologie américaine (ou chinoise désormais) serait, à mon sens, une vraie réponse à apporter… Encore faut-il une volonté de briser l’immobilisme européen en la matière. Mais il est vrai qu’il est plus facile de cadrer juridiquement les technologies des autres que de tout mettre en œuvre pour créer les siennes…

Dans un prochain article, nous évoquerons la question de la confiance en Deepseek.

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