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HcoM, le Blog...

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Blog de communication à l'attention de ceux - professionnels ou non et étudiants - qui sont intéressés par la Communication au sens large


Concentration des médias, menace sur le pluralisme de l’information !

Publié par Olivier Moch sur 27 Février 2025, 10:58am

Catégories : #Presse écrite et audivisuelle, #Ethique

Le Quotidien L’Echo évoquait, il y a quelques jours, un rapprochement entre les deux grands groupes de presse francophones belges, IPM et Rossel ! D’aucuns avancent même la possibilité d’un rachat d’IPM par Rossel… Alors ce rapprochement, ou ce rachat, rumeur ou réalité ?

Il n’y a pas de fumée sans feu dit-on. Je pense, en outre que les journalistes de L’Echo n’ont pas pour habitude de se baser sur des rumeurs infondées pour écrire leurs articles. Les synergies entre les deux grands groupes de presse existent déjà, un rachat serait un prolongement ‘’business’’ logique mais si cela se devait se concrétiser, Rossel, qui détient déjà Le Soir et Sudinfo, contrôlerait aussi La Libre Belgique, La Dernière Heure et L’Avenir, soit les 5 grands quotidiens francophones belges. Cela soulèverait forcément une question cruciale : la concentration des médias menace-t-elle le pluralisme de l’information ? Et quelles conséquences pour le public ? 

Le synergies entre IPM et Rossel ne datent pas d’hier. Rossel imprime les journaux d'IPM dans son imprimerie de Nivelles et se charge également de l'impression des magazines, comme Paris Match Belgique et Moustique. Rossel et IPM sont également associés dans la distribution de leurs quotidiens dans le sud du pays. Pour négocier avec BPost et d'autres distributeurs de journaux, ils ont créé l'année dernière l'entreprise commune Direct Presse dont ils se partagent à 50/50 la possession. Les discussions actuelles portent sur les infrastructure informatique et sur les stratégies publicitaires. L’objectif est de générer des économies d'échelle et faire face à la concurrence internationale. Pour l’instant, des synergies rédactionnelles ne sont pas évoquées. C’est une possibilité mais aucune annonce ni officieuse ni officielle n’a filtré pour l’instant. Cependant, le secteur bruisse de rumeurs insistantes. Rossel cherche depuis longtemps à renforcer sa position et cette acquisition lui permettrait de consolider son emprise sur l’information en Wallonie et à Bruxelles.

IPM et Rossel, les deux mastodontes de la presse francophones belges

Rossel, c’est le premier groupe de presse francophone en Belgique. Il possède Le Soir, Sudinfo et une kyrielle de titres régionaux, dont La Meuse, ici à Liège. Rossel détient aussi 50% de RTL Belgium et de Mediafin, l’éditeur du quotidien L’Echo. De son côté, IPM détient notamment La Libre Belgique, La DH/Les Sports, Paris Match Belgique, Fun Radio, LN24 et quelques autres médias. Si Rossel rachète IPM, il contrôlerait alors une immense partie de la presse écrite et numérique francophone. Au début de cette année, l’agence RP 95% a sorti une excellente infographie des médias belges et des groupes auxquels ils appartiennent. Cette infographie est très claire et très détaillée, elle permet de se faire une excellente vision des médias belges. Mais elle montre aussi que l’acquisition d’IPM par Rossel ferait un quasi-monopole de l’information francophone belge pour Rossel qui n’aurait alors comme seule alternative que la RTBF, les télévisions de proximité – que la Ministre Galand entend réformer – et quelques médias indépendants comme LPost, Médor, Imagine Demain le Monde ou RCF !

Un rapprochement, voire un rachat le cas échéant, serait-il donc dangereux pour la presse belge ? Clairement, oui ! Un groupe qui détient une majorité de journaux et de sites d’information, ça pose évidemment question. Il y a d’abord un risque majeur pour le pluralisme. Quand un petit nombre d’acteurs contrôle l’essentiel de la presse, la diversité des points de vue s’amenuise. Même si chaque journal garde une certaine indépendance, la ligne éditoriale peut être influencée, volontairement ou non, par les décisions du groupe propriétaire. Ensuite, on observe souvent une uniformisation de l’information. Quand plusieurs médias appartiennent au même groupe, ils ont tendance à partager des ressources, des articles et parfois même une vision commune de l’actualité. Cela réduit la diversité du débat public. C’est déjà le cas actuellement dans les deux groupes, mais si ces deux groupes ne devaient plus en faire qu’un seul dans un avenir plus ou moins proche, ce serait encore bien plus le cas… Mais, moins de concurrence signifie aussi moins de pression pour se différencier et donc, potentiellement, moins de journalisme d’investigation. Si un grand groupe détient l’essentiel de la presse, il peut décider de mettre certains sujets en avant et d’en minimiser d’autres.

Dangereux aussi pour les journalistes et le public !

Certains affirment que cette consolidation permet aux journaux de survivre économiquement. Il est vrai qu’en mutualisant les coûts et les ressources, un grand groupe peut stabiliser ses finances. Mais cela ne garantit pas une presse de qualité. Trop souvent, on voit des regroupements entraîner des coupes budgétaires, des suppressions de postes et une standardisation du contenu. Rappelons-le, le rachat d’IPM par Rossel reste hypothétique mais des rumeurs bruissent çà et là ! S’il devait s’avérer, on pourrait voir des rédactions fusionner, des postes supprimés et une pression accrue sur les journalistes restants. Moins de journalistes, c’est aussi moins de diversité dans les enquêtes, moins de temps pour vérifier l’information… Bref, un impact direct sur la qualité du journalisme.

Une presse moins diversifiée signifie, par ailleurs, une offre d’information plus restreinte. Si tous les journaux appartiennent au même groupe, on risque d’avoir une vision unique des faits. Et puis, il y a un risque de défiance accrue envers les médias : quand trop de pouvoir se concentre entre les mains de quelques acteurs, le public peut perdre confiance dans la neutralité et l’indépendance de l’information. On voit d’ailleurs que cette méfiance grandit déjà, avec des accusations de manque d’objectivité des grands médias… Moins de pluralisme entraîne plus de suspicion, ce qui pousse une partie du public à se tourner vers des sources alternatives, souvent peu fiables.

Selon la RTBF, dans un reportage consacré, en juin 2024, à la confiance de la population dans les médias, il n’y a plus que 44% des Belges qui font confiance aux médias traditionnels. Je crois que les patrons de presse sont les principaux responsables de cette défiance du public ! Les économies d’échelles et la rationalisation c’est peut-être important pour le business mais le jour où le public se détournera totalement de l’information par manque de confiance, le business model sera aussi explosé ! Je crois que le débat sur le pluralisme des médias est plus important que jamais… mais aussi que l’autorité de régulation doit freiner les regroupements économiques à outrance !

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