La GenZ… entre carence informatiques et illectronisme !

Publié par Olivier Moch sur 14 Février 2024, 15:08pm

Catégories : #Médias sociaux, #Digital, #Communication d'entreprise, #Management

Les plus jeunes sont forcément doués en informatique puisqu'ils sont nés et ont grandi à l'ère digitale... Une espèce de croyance que beaucoup tiennent pour acquise. Et pourtant, c’est un constat que je pose très souvent : la culture informatique des millenials laisse vraiment à désirer ! Et ce constat vient de trouver un nouvel écho – ce n’est pas le premier – dans une récente étude française qui montre que l’immense majorité de la génération Z n’est pas familiarisée aux e-mails et qu’elle est incapable de faire un simple copier/coller ! Deux choses pourtant basiques qui se pratiquent au quotidien dans toutes les entreprises à travers le monde… Pour la plupart, utiliser un traitement de texte est toute une aventure, un tableur ou un outil de présentation, c’est pire encore. Une partie importante des Z ne sait pas, non plus, comment fonctionne un scanner ou même une imprimante alors que 75% des entreprises utilisent encore quotidiennement cet outil.

Cette méconnaissance s’étend même jusqu’au vocabulaire de l’informatique. Selon une autre étude menée par Specops, un éditeur de logiciels de sécurité, 82% des millenials ne savent pas ce qu’est un firewall, 76% ignorent ce qu’est un malware et un peu plus de la moitié ne sait pas ce qu’est un cookie… Autre constat posé par une enquête réalisée par le gouvernement britannique dont j’ai pu lire les résultat dans un quotidien anglais lors de mon dernier séjour à Londres : 73% des 18-24 ans ne sont pas attirés par les métiers de l’informatique et notamment par celui de développeur ! Enfin, lors du dernier ComVision, le 5 décembre, le sujet qui a le moins intéressé les étudiants participants était celui consacré au Web3 – une version décentralisée d’internet qui repose sur la blockchain – et aux univers virtuels. Ce sujet avait été programmé en pensant à eux, cela n’a pas réellement percuté !

4h00 par jour sur les réseaux sociaux... mais surtout pour regarder des TikToks

Une récente étude affirme que les 15-24 ans passent quatre heures par jour sur les réseaux sociaux. Mais l’article qui accompagne l’étude précise aussi que c’est sur TikTok qu’ils passent le plus de temps à regarder des vidéos en boucle voire des shorts sur YouTube… L’étude dit encore que s’ils ne sont pas capté, ils scrollent au bout de 3 secondes ! Trois secondes c’est évidemment beaucoup trop peu pour avoir une idée réaliste d’un contenu… Donc leur attention est captée par des vidéos très courtes et divertissantes… enfin qu’ils estiment divertissantes ! En outre, la Génération Z n’est pas que spectatrice. Avec l’outil merveilleux qu’ils ont dans la poche – je parle bien de leur smartphone – les Z sont aussi acteurs. Ils se mettent en scène dans des vidéos plus ou moins abouties mais toujours dans un but de divertissement. Ne leur demandez pas de créer une video corporate ou promotionnelle, pour la plupart d’entre eux cela ne les intéresse pas, ça les ennuie même…

Si j'écrivais, plus haut, que l’immense majorité de la GenZ ne sait pas ce qu’est un firewall, elle ne sait pas non plus ce qu’est une portée organique, un algorithme, une campagne ads, des engagements ou même un call-to-action… Aujourd’hui, confier la gestion des réseaux sociaux corporate à un millenial ne constitue probablement pas la meilleure des stratégies digitales !

Un réel problème de formation scolaire !

Et c’est même au niveau du secondaire que le bât blesse. L’apprentissage est limité, pas suffisant en tous cas pour les préparer à entrer dans une société ultra-digitalisée. Lorsqu’ils arrivent dans le supérieur – pour celles et ceux qui poursuivent leurs études – le déficit est énorme ! Anne Cordier, chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, a mené une recherche auprès d’élèves depuis le cours préparatoire (le niveau début de primaire en Belgique) jusqu’à la terminale (dernière année secondaire en Belgique) ; sa conclusion est claire : les compétences informatiques de base ne sont pas acquises chez la majorité de ces jeunes ! Elle relève que 5 à 7% seulement des membres d’une classe ont une réelle appétence et compétence informatique… Anne Cordier utilise même un terme précis pour parler des compétences informatique de la Génération Z, un terme fort : l’illectronisme ! Un illettrisme digital, en quelques sortes !

Le smartphone coupable désigné de cette carence !

Le rôle du smartphone est crucial dans cette carence informatique de la Génération Z. On pousse un smartphone dans les mains d’un enfant très tôt et les habitudes se prennent sur cet outil qui n’est pas à rejeté, évidemment, mais qui crée une réelle carence lorsque les jeunes se trouvent face à un ordinateur. Leur smartphone, ils l’utilisent pour regarder des vidéos TikTok ou YouTube, s’échanger des messages, pour jouer… bref pour des activités ludiques ! Et le problème principal, il est là, à mon sens, la GenZ est occupée à replonger presque totalement le digital dans la sphère ludique et le faire sortir de leur sphère éducationnelle et, à court terme, de leur sphère professionnelle.

En outre, le smartphone est un point important lié aux inégalités sociales face à l’informatique qui creusent, elles aussi, la déficience de certains dans le domaine. Le smartphone est devenu un prolongement naturel de la main, un élément d’intégration, ne pas en avoir un c’est être mis au ban du groupe, ne pas pouvoir tchater avec ses potes, ne pas pouvoir jouer aux mêmes jeux qu’eux, et donc en parler, ne pas voir les même réels ou autre shorts… bref, les enfants de milieux moins aisés, de plus en plus nombreux d’ailleurs, vont avoir un smartphone mais pas d’ordinateur à la maison car l’intégration sociale passe, on l’a dit, par le smartphone, donc les parents sont davantage attachés au fait que leur enfant en ait un pour qu’il soit intégré, et puis, c’est moins cher qu’un ordinateur.

Donc ces enfants vont, dès leur plus jeunes âge, regarder des vidéos puis créer des profils Snapchat, Instagram ou TikTok et jouer à des jeux. Avec ces usages là, comment peuvent-ils acquérir des compétences informatiques ? Et une fois à l’école, en phase d’apprentissage, ils ne montrent donc que peu d’appétence pour l’informatique que l’on veut leur enseigner… car elle n’est pas ludique !

Revenons, pour conclure, sur l’exemple de l’imprimante, beaucoup de Z ne savent pas ou ne veulent pas s’en servir dans un souci environnemental, disent certains… OK, c’est louable mais si aujourd’hui 75% des entreprises impriment chaque jour, ils font comment sur le terrain au quotidien… idem pour Word, Excel, Power Point ou la gestion corporate des réseaux sociaux !

La Génération Z est une génération 100% digitale qui a développé des aptitudes à travers les smartphones, mais dont les compétences ne sont pas du tout adaptées aux réalités digitales de l’entreprise de 2024 ! Il y a un gap important entre la réalité professionnelle toujours en place dans les entreprises et les compétences informatiques ou le savoir digital de la génération Z.

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