Harris versus Trump... quelle communication ?

Publié par Olivier Moch sur 5 Novembre 2024, 16:27pm

Catégories : #Communication politique

D-day ! Demain matin, nous saurons qui de Trump ou Harris sera le Président ou la Présidente des Etats-Unis. Avant les résultats, revenons sur les moyens de communication mis en place par les deux candidats.

Tous les médias européens focalisent sur le grand rendez-vous américain du 5 novembre. Pourquoi ? Simplement parce que, que nous le voulions ou non, nous sommes forcément concernés par cette élection. D’abord parce que les États-Unis sont la plus grande économie mondiale, parce qu’ils influencent les marchés financiers mondiaux, parce qu’ils ont la plus grande armée mondiale et que cela influe sur l’OTAN mais également parce que les multinationales américaines, et notamment dans le domaine de la tech, sont les plus influentes au monde. Le résultat des élections américaines aura forcément un impact sur nous, même en Belgique. Le journaliste français de Libération, Tomas Legrand, écrivait dans un de ses éditoriaux que : ‘’le monde entier devrait pouvoir voter pour les élections américaines tant les enjeux sont importants pour l’ensemble de la population mondiale’’. Malheureusement, nous ne serons que spectateurs du scrutin et nous devrons accepter le résultat, quel qu’il soit !

La communication est effectivement un enjeu important des élections américaines. Pas que de celles-ci, elle l’a été de tout temps parce que nous sommes face à un scrutin fortement polarisé depuis toujours : Démocrate versus Républicain. C’est évidement le cas dans l’élection du 5 novembre prochain qui mettra face à face la Démocrate Kamala Harris, Vice-Présidente sortante, et le Républicain Donald Trump qui fut Président de 2016 à 2020. Une courte parenthèse pour une information totale car, on le sait moins, il y aura 6 autres tickets de candidats en lice pour cette élection dont l’écologiste Jill Stein, le libertarien Chase Oliver ou l’indépendant Cornell West. Revenons au duel Harris-Trump : la communication joue donc un rôle essentiel dans un débat fortement polarisé ou les positions sont diamétralement opposées sur les questions principales comme le droit à l'avortement, les questions d'immigration, la sécurité économique et les préoccupations internationales, notamment la situation au Moyen-Orient. La communication joue un rôle central, car elle permet aux candidats de façonner l'opinion publique, de mobiliser leurs bases électorales et influencer les électeurs indécis… notamment ceux des fameux Swing States !

Quels sont les moyens les plus utilisés par Harris et Trump ?

J’en relève cinq ! Les médias traditionnels : la télévision, la radio et la presse écrite gardent un rôle crucial. Les chaînes de télévision organisent des débats, couvrent les campagnes et offrent des analyses politiques. D’ailleurs, des médias soutiennent souvent publiquement des candidats, ce qui influence forcément l'opinion des lecteurs et des téléspectateurs. Le New York Times, le Boston Globe, CNN ou le Philadelphia Inquirer se sont rangés derrière Harris tandis que Fox News, le Washington Times, le Las Vegas Review ou le New York Post soutiennent ouvertement Trump ! Le Washinton Post (qui a pourtant fait basculer plusieurs campagnes)a refusé de se positionner.

Les publicités électorales : Trump et Harris ont investi des sommes monstrueuses dans des campagnes publicitaires diffusés à la télévision, à la radio ou sur les réseaux sociaux. On parle de plus d’un demi-milliard de dollars pour Harris et quelque 325 Millions pour Trump. Ces publicités sont stratégiquement conçues pour atteindre des segments spécifiques de l'électorat et sont essentielles pour façonner l'image des candidats. Souvent, elles ont aussi uniquement pour but de dénigrer l’adversaire.

Les réseaux sociaux : selon CNews, 62% des Américains se tournent vers les réseaux sociaux comme source d'information politique. Depuis la victoire d’Obama, en 2008, les candidats à la présidentielle américaines ont parfaitement compris l’importance des réseaux sociaux dans leur campagne. En 2016, les Tweets de Trump ont joué un rôle crucial dans sa victoire. En 2020, la campagne de Donald Trump a particulièrement capitalisé sur Twitter, où il avait un large public, tandis que Joe Biden a utilisé une approche plus diversifiée sur plusieurs plateformes. Cette année, Kamala Harris a déboursé une somme record de 370 millions de dollars en publicité rien que sur les réseaux sociaux !

Les événements en direct : les meetings, ces grand’messe électorales, restent une méthode essentielle pour engager les électeurs, tant pour Trump que pour Harris qui ont effectué un tour des Etats-Unis durant leur campagne. Ces événements permettent aux candidats de se connecter personnellement avec le public et de transmettre leur message de façon plus directe et plus émotionnelle.

Les sites web de campagne et les courriels ont été le cinquième grand moyen de communication utilisé par les deux candidats pour diffuser des informations et mobiliser des dons. Les campagnes en ligne permettent aussi de collecter des données sur les électeurs pour mieux cibler leurs messages.

La punchline, une valeur sûre de cette élection !

Yes we can (Obama 2008), I’ll take de high road (JFK 1960), A leader for a change (Carter 1976), For People (Clinton 1992), America needs a change (Bush père 1988) ou encore le fameux Make America Great Again de Trump, en 2016… autant de punchlines qui ont marqué les esprits et qui ont permis au candidat qui les a portés de remporter l’élection. Pour ce rendez-vous de 2024, Trump a recyclé son Make America great again… qui n’était d’ailleurs pas de lui puisque c’était le slogan utilisé par Ronald Reagan en 1980. Un slogan qu’il a racheté en 2016 pour le faire sien. Cette puncline fonctionne, elle est entrée dans la culture populaire… De son côté, Kamala Harris mise sur We are not going back (On ne va pas revenir en arrière). Personnellement, je la trouve très bonne cette punchline car elle positionne clairement Trump comme le candidat du passé et elle, Kamala Harris, comme la candidate du futur ! Cette punchline devrait parler aux femmes, aux personnes issues de l’immigration, à la communauté LGBTQ+, aux défenseurs du climat et de l’environnement, aux marginaux… bref à toutes celles et ceux qui ne veulent pas revivre le premier mandat de Trump durant lequel ils et elles n’ont pas été considérés ! Avec cette punchline, Harris leur montre clairement que leur voix à une réelle importance ! La punchline est essentielle pour un candidat à l’élection américaine, il y a un véritable enjeu pour savoir qui aura la plus percutante. C’est très souvent lui… ou elle pour la première fois en 2024, qui devient président ou présidente !

Les influenceurs, acteurs majeurs de cette campagne !

On en a relevé plus de 100 dans chaque camp depuis les fameuses Conventions républicaine, en juillet, et démocrate, en août. Leur but est évident, porter le message du candidat qu’il soutienne… ou plutôt du candidat qui les a payés pour le faire, auprès de leur communauté d’abonnés afin de glaner le maximum de voix. Ce n’est, en fait, qu’une application technologique de la communication à double-étage, théorisée par Katz et Lazarsfeld, en 1952, et utilisée avec les moyens de l’époque par Eisenhower, Kennedy, Johnson ou Nixon ! Disons que le plus gros influenceur de cette campagne fut probablement Elon Musk qui n’a pas hésité à dépenser des millions de dollars pour influer sur le scrutin et inciter à voter Trump car ses intérêts personnels sont plutôt dans la politique de Trump que dans celle de Harris !

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